Christian MAYEUR partage avec nous quelques enseignements importants de cette journée, qui fut extrêmement vivante, contrairement à ce que pourrait laisser penser la thématique énoncée ci-dessus.
Pascal DURAND, Eurodéputé qui porte les sujets RSE au Parlement européen, a ouvert la journée en visioconférence depuis Bruxelles, en insistant sur le rôle des normes volontaires, avec cette phrase radicale : « Celui qui fait la norme a le pouvoir ». Message lancé aux grandes entreprises, mais aussi PME et TPE, pour participer aux travaux de normalisation en matière de RSE.
Bruno COSTES, Directeur senior Affaires publiques et Normalisation d’Airbus a plaidé en faveur d’une harmonisation des indicateurs existants, plutôt que d’en inventer d’autres, soulignant qu’en matière d’environnement et d’impact social, les entreprises ne « découvrent pas la lune ». Il a souligné le défi que constitue la mesure d’impact social et environnement sur toute la chaîne de valeur, impliquant dans le cas d’Airbus les PMEs et TPEs en amont et en aval de la production des appareils.
Un des moments phares du colloque a été l’intervention de Jean-Christophe LEON, expert en guerre économique, qui a appelé à la vigilance des entreprises dans le choix des organismes de cotation et d’évaluation à qui elles confient leurs données. Citant le cas de la célèbre organisation BCorp., il a souligné à quel point les données RSE sont sensibles et peuvent être exploitées à des fins de renseignement économique et de soft power par ces organismes. Dans le cas de BCorp., les data sont stockées par cet opérateur privé à Washington DC, USA. Jean-Christophe LEON a fortement recommandé aux PMEs, TPEs et start-ups de coopérer « en circuit court » avec des organismes de proximité présentant des garanties de transparence en matière d’exploitation des données.
Séverine ROULLET-FURNEMONT, Directrice RSE et Développement durable chez Pierre Fabre, a abondé dans ce sens, soulignant tout l’intérêt de travailler avec des organismes proches, reconnus et rigoureux (citant AFNOR Certification, ECOCERT), organismes soumis au droit européen qui apportent des garanties robustes concernant les données et qui offrent un autre avantage : leurs experts évaluent les actions RSE des entreprises sur site, en adaptant leurs analyses aux particularités de chaque secteur et de chaque métier.
Les nombreux témoins de PME, SCOP et TPE qui se sont succédé ensuite (CITEL, FRAYSSINET, Electricité Générale d’Ariège, INNESSENS) ont tous abondé en ce sens et démontré les bienfaits économiques, humains et éthiques de la RSE, dans des secteurs aussi divers que le BTP, l’imprimerie, les engrais organiques ou l’agro-alimentaire.
En revanche, ils ont tous plaidé en faveur de la reconnaissance des critères RSE dans les appels d’offres publics, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Une jurisprudence nantaise a même sanctionné une collectivité qui avait tenté de le faire. En direct depuis Paris, Gilles BON-MAURY, Secrétaire permanent de la plateforme RSE de France STRATEGIE, organe consultatif très influent placé auprès de la Première Ministre, a indiqué que cette situation, que lui-même juge regrettable, résulte d’une interdiction européenne, mais que divers acteurs influents travaillent sur le sujet. Il s’est donc montré optimiste pour une reconnaissance de ces critères, à un horizon qui n’est cependant pas encore lisible.
La RSE est source d’initiatives innovantes pour tous types d’activités, comme l’a démontré le témoignage du sénateur Henri CABANEL, qui applique les principes et exigences de la RSE à l’exercice de son mandat parlementaire. Le sénateur de l’Hérault consulte l’ensemble des parties prenantes concernées, sujet par sujet, en amont de ses votes et a mis en place un processus très efficace de fluidification des relations entre citoyens, élus et administration pour accélérer les décisions. Il s’agit d’un exemple remarquable d’application de la RSE au service de la santé démocratique, malheureusement unique en son genre pour le moment.
Au point de vue des dynamiques collectives, les actions de la Fédération des SCOP du BTP, de la Coopération agricole, mais aussi de la Fondation Agir Contre l’Exclusion (FACE) à travers ses clubs d’entreprises du Gard et de l’Hérault ont confirmé le fait que l’Occitanie est une des régions les plus actives (pour ne pas dire la plus active) en matière de RSE et ce sur toutes les dimensions du spectre : gouvernance, qualité de vie et conditions de travail, respect de l’environnement, éthique, inclusion et équité.
Directeur général de ZIA’RT SAS, à Ligardes, Christian MAYEUR est un expert de la génération de confiance en action comme facteur de performance élevée des entreprises. Il accompagne les dirigeants et leurs équipes dans les transformations liées à l’Innovation Service et à la RSE dans ses aspects humains, éthiques et de gouvernance responsable, notamment pour les entreprises souhaitant acquérir la qualité de société à mission (Loi PACTE).
Christian MAYEUR